L'acquisition de la propreté

Publié le par Christel HERVE

L'acquisition de la propreté

Voici des extraits de mon dossier professionnel sur l'activité d'accompagnement à l'autonomie et à la socialisation : l'acquisition de la propreté

A quel moment commencer ?

Pour les enfants

L'acquisition de la propreté est une étape importante dans la vie d'un enfant : elle marque un grand pas dans l'autonomie car l'enfant devient davantage maitre de son corps en ressentant le besoin d'évacuer et en allant sur le pot seul.

L'âge moyen pour l'acquisition de la propreté diurne est 24/30 mois. L'enfant maitrise d'abord le sphincter anal puis le sphincter vésical. La propreté nocturne est acquise vers 3 ans. Certains enfants ont propres plus tôt, d'autres plus tard.

Les conditions pour l'acquisition de la propreté sont :

- la maturité physiologique des nerfs moteurs, pour ouvrir et fermer les sphincters et des nerfs sensitifs, pour ressentir que la vessie est pleine ou que l'intestin contient des selles. On dit que l'enfant arrive à maitriser ses sphincters quand il arrive à monter et descendre seul les escaliers.

- la maturité intellectuelle : l'enfant doit avoir conscience de ce besoin d'évacuer et faire le lien entre son ressenti et le fait d'aller sur le pot. Il doit aussi être capable de communiquer avec l'adulte pour demander le pot.

- la maturité affective : l'enfant doit avoir le désir de "devenir grand". Il peut vouloir freiner cet apprentissage.

Pour les parents

Pour les parents, l'acquisition de la propreté est souvent un enjeu très important et source de stress car c'est la condition pour que l'enfant puisse rentrer à l'école. il y a aussi la pression de l'entourage familial ("Comment, tu ne mets pas encore ton enfant sur le pot, mais ils serait temps de la faire !") et la compétition entre les parents ("Mon enfant est déjà propre depuis longtemps !".

Mon rôle consiste à leur dire si leur enfant est prêt ou non à aller sur le pot et pour quelles raisons mais aussi de les rassurer : chaque enfant a son propre rythme et le leur quittera bien ses couches un jour.

Je leur explique également qu'ils peuvent proposer le pot à leur enfant mais en aucun cas le forcer. Mettre la pression sur l'enfant entraine un retard dans l'acquisition de la propreté et peut l'amener à se retenir. Dans le pire des cas, l'enfant se retrouve hospitalisé.

Les enjeux de la propreté - Le ressenti de l'enfant

Les selles représentent pour l'enfant un objet étrange qu'il a envie de toucher; Il éprouve un mélange de curiosité et d'inquiétude à leur égard. il ne comprend pas pourquoi les adultes insistent pour qu'il aille sur le pot, le félicitent pour ce qu'il a fait et le grondent s'il veut y toucher et s'en débarrassent immédiatement.

Selon Sigmund Freud, l'enfant de 2 ans entre dans une période de stade anal où il prend u plaisir à retenir puis à expulser ses selles. L'enfant a alors 2 solutions : soit expulser quand il en a le désir pour se faire plaisir, soit expulser quand les adultes (plus particulièrement sa maman) le lui demandent. Il comprend alors qu'il a le pouvoir de faire plaisir ou non à sa mère. Il peut, dès lors, jouer et abuser de ce plaisir : donner ou refuser ses selles devient monnaie d'échange contre de l'amour ou de la haine.

En pratique

Débuter ensemble assistante maternelle et parents

Ce sont les parents qui initient l'apprentissage de la propreté. Mon rôle consiste à continuer chez moi ce que les parents ont mis en place chez eux. Il est important pour l'enfant que les adultes qui s'occupent de lui suivent la même méthode (proposer le pot à l'enfant et à quelle fréquence ou attendre que ce soit lui que le réclame, rester avec l'enfant ou le laisser seul).

Voici quelques conseils pour faciliter la mise sur le pot de l'enfant :

- ne plus lui mettre de bodys car il ne peut pas le défaire tout seul

- mettre des pantalons qui se détachent facilement (élastique ,boutons pressions, pas d'agrafes)

- mettre des couches culottes qui se baissent comme une culotte et se mettent facilement en position debout (pour éviter de changer l'enfant en position allongée qui rappelle la positions "bébé")

- lui lire des histoires en rapport avec le pot (par exemple "Je veux mon p'tipot" de Tony Ros).

Pot - Réducteurs - Attitudes à avoir

Pour favoriser l'acquisition de la propreté, il est important d'avoir le matériel adéquat par rapport à l'âge de l'enfant et les bonnes attitudes.

Le pot est adapté pour les jeunes enfants qui commencent l'apprentissage de la propreté car ils peuvent s'asseoir dessus tout seul. L'inconvénient est qu'il faut ensuite transvaser son contenu dans la cuvette des toilettes (en en renversant le moins possible).

Le réducteur de wc convient plutôt aux enfants plus grands, quand il n'y a pas de risque de chute, qu'ils peuvent s'y installer tout seul avec l'aide d'un marche pied et qu'ils sont assez grands pour que leurs pies reposent sur le marche pied.

Les attitudes positives à avoir envers l'enfant sont :

- respecter le rythme de l'enfant,

- laisser le pot à libre disposition dans des pièces adéquates : wc ou salle de bain mais pas en plein milieu du salon,

- aider l'enfant à ôter sa couche,

- proposer le pot mais ne pas imposer,

- dédramatiser les accidents,

- valoriser la propreté et le féliciter (sans faire du chantage aux bonbons),

- demander à l'enfant de collaborer, susciter les initiatives,

- soutenir l'enfant dans son envie de devenir grand,

- lui enlever la couche de temps en temps,

- éviter les moqueries et les comparaisons,

- ne pas réveiller l'enfant la nuit pour le forcer à aller sur le pot,

- ne pas rationner l'eau le soir.

Les petits accidents ou retours en arrière

Les accidents sont normaux et ne doivent pas faire l'objet de punitions.

Les retours en arrière sont également possibles lors de changement dans la vie de l'enfant : arrivée d'un bébé, déménagement, changement de mode de garde...

Le rôle des parents et de l'assistante maternelle consiste alors à rassurer l'enfant, à discuter avec lui pour savoir ce qui ne va pas, à lui demander s'il veut qu'on lui remette des couches.

La propreté acquise si...

La propreté est acquise quand l'enfant va sur le pot de manière autonome, c'est-à-dire arrive à se retenir, il va sur son pot, se déshabille, s'assoit, se relève et se rhabille seul.

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S
La propreté n'est elle pas une acquisition et non un apprentissage ?<br /> Je m'étonne toujours d'autant d'incohérence lorsque l'on parle de laisser l'enfant avancer à son propre rythme mais que le professionnel de l'accueil puisse proposer le pot...et suivre la demande des parents qui décident un matin, que c'est l'heure.<br /> Et si on laissait l'enfant décider du quand justement....sans jamais rien lui proposer....
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C
Déjà, je ne vous apprends rien si je vous dis que certaines choses nous sont tout simplement interdites par la PMI : forcer un enfant à aller sur le pot, le frapper, le coucher sur le ventre, donner des médicaments sans ordonnance... Dans ces cas, c'est à nous, professionnels, de savoir dire "non" tout en argumentant aussi de façon à ce que le parent ne se sente pas juger, qu'il n'ait pas l'impression d'être un mauvais parent parce qu'il fait telle ou telle chose à la maison avec son enfant.<br /> Concernant mon projet d'accueil, je le remets à tous les parents lors du premier entretien donc ils savent où ils vont avec moi. S'ils ne sont pas du tout d'accord avec ma façon de faire, ils signent avec une autre assistante maternelle, pas de problème. Après, certaines choses peuvent se négocier si ça ne va pas à l'encontre du bien-être ou de la sécurité de l'enfant. Par exemple, personnellement, ça ne me gène pas de proposer le pot à l'enfant à certains moments de la journée si c'est la demande des parents mais je précise bien que je PROPOSE le pot et en aucun cas je ne force l'enfant à aller dessus s'il ne le veut pas et je ne fais pas de remarque s'il n'a rien fait dedans. <br /> Je n'ai pas encore eu de cas de gros désaccord avec un parent. Un parent m'a bien demandé une fois de donner de l'homéopathie à son bébé sans ordonnance, mais j'ai dit "non" tout en expliquant bien que ça reste un médicament et que l'ordonnance est donc obligatoire et le parent en est resté là. <br /> <br /> J'ai récemment fait une formation avec le catalogue "Ipéria" sur "Favoriser la relation avec les enfants et leur famille" et il est question entre autre de la Communication non violente (il existe aussi à ce sujet le livre "Les mots sont des fenêtres ou bien ils sont des murs" de Marshall Rosenberg) et ils nous expliquent justement comment dialoguer avec les parents qui nous demandent de mettre leur enfant sur le pot alors qu'il n'est pas prêt, de raccourcir voire supprimer les siestes : comment les écouter, écouter leurs besoins, leurs craintes tout en leur expliquant les besoins de leur enfant, sans qu'ils ne se sentent jugés.
S
J'entends bien que les parents de l'enfant sont les premiers éducateurs de l'enfant, et vos employeurs, mais quelles places pour les valeurs et le projet éducatif que vous défendez ?<br /> <br /> Mon message d'aujourd'hui, comme celui que je discute régulièrement avec d'autres professionnelles, n'est là que pour susciter une réflexion de positionnement prof.<br /> <br /> Que répondez vous à un parent qui vous demande de coucher l'enfant sur le ventre ?<br /> Pourtant dans ce domaine aussi les parents sont les 1ers éducateurs.<br /> <br /> Comment le professionnel que vous êtes (que nous sommes) peut il proposer un accueil défendant des valeurs éducatives, dans le respect du rythme de l'enfant.?<br /> Comme vous le dites la communication, le projet d'accueil, qui dès la rencontre permet au professionnel d'expliquer aux parents sa pratique, les valeurs qu'il défend, les pédagogies auxquelles il est sensible. <br /> <br /> N'oublions pas que les parents font avec les moyens qu'ils ont, la pression des proches, de la société....<br /> A nous, professionnels de savoir porter un projet réfléchi dans le respect de l'enfant et de son rythme, et savoir imposer des valeurs lorsque les demandes des parents ne sont pas respectueuses de ce rythme.
C
Dans la logique, c'est effectivement à l'enfant de décider quand il est prêt à aller sur le pot. Mais dans les faits, les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants et s'ils décident de commencer à proposer le pot à l'enfant, le professionnel de la petite enfance peut donner de la documentation aux parents concernant cette acquisition, notamment sur la maîtrise des sphincters s'il pense que l'enfant n'est pas prêt ; il peut aussi refuser d'obliger l'enfant à aller sur le pot. Mais il ne peut pas refuser de proposer le pot à l'enfant car il doit aussi suivre les demandes des parents qui sont aussi nos employeurs. Dans ces cas là, tout est affaire de communication entre les parents et le professionnel de la petite enfance pour trouver la solution qui conviendra à tout le monde, surtout à l'enfant.